Lettre de Christos Politis

Lettre de christos politis depuis la prison de grevena

-Indy Nantes, mardi 25 janvier 2011-

Stylianos Glykofridis devait être un homme éminent de son temps, il a été directeur général et superviseur des prisons. Il a appelé le gouvernement à combattre le communisme en «imitant Hitler mais en plus doux» et en 1936, il proposait de limiter les droits des inculpés communistes concernant les promenades et les visites (pour limiter le contact avec les autres prisonniers «qui conduisent au mauvaises conséquences bien connues et non désirées»
La pensée, la perception, les propositions de Stilianos Glykofridis n’ont certainement pas été inexploitées par l’état moderne.

Après que nous ayons été enlevé, moi et K. Barli, à Exarchia le 4 Décembre, nous avons été conduit dans les bureaux de l’antiterrorisme. Alors qu’ils laissaient libre le compagnon, moi ils m’annoncent que je suis en garde à vue après 28 heures. Au même moment le chef de ΕΛΑΣ (la police grecque – Ndt) déclare cyniquement qu’ils m’ont arrêté «parce que j’ai été laissé libre pour l’affaire de la cour d’appel» Pour une affaire donc, pour laquelle j’avais été convoqué et interrogé par le juge d’instruction ordinaire de la 8eme chambre et laissé libre.
La vérité c’est que me prendre en otage les intéresse exactement parce que je suis anarchiste. Parce que les 15 dernières années je me démène à l’intérieur de ce milieu politique radical. Dans mon cas, ce qui est tenté ce n’est pas seulement de monter les charges d’un niveau, mais le développement de la méthode répressive de pénalisation des relations d’amitié et de compagnonnage dont des dizaines de compagnons en lutte vivent les conséquences ces derniers temps.Dans mon affaire, l’antiterrorisme progresse dans la construction de relation puisque je ne connais aucun de mes co-accusés. Après mon incarcération, alors que les cagoulés de l’antiterro parlaient plus fréquemment avec la juge d’instruction que les avocats, j’ai été conduit à la prison de Grevena, dans dans un bâtiment de détention de type C. Malgré qu en accord avec le code pénal «Dans les bâtiments de type C : sont emprisonnés sans communicat’on avec des prisonniers d’autres catégories, les prisonniers condamnés à perpétuité ou au moins à dix ans d’emprisonnement et sont estimés particulièrement dangereux pour la bonne marche des bâtiments d’un autre type.» Une prison isolée, avec des ailes basses et des parois hautes de sorte que l’œil ne peut voir quoi que ce soit, partout des caméras et des systèmes électroniques de sécurité. Une construction immobile et pétrifiée qui cherche à priver de toute stimulation extérieure, à t’aplatir, a t’éliminer mentalement. Évidemment exécutant les ordres, il m’ont placé dans l’aile de «protection», sans que je le demande jamais, sans que je ne le réclame à qui que ce soit et en dépit de mes requêtes continuelles pour partir de là. Comme conséquence de cette insistance délibérée on m’a imposé un régime particulier d’isolement absolu, en essayant – dans une certaine mesure – de me faire renoncer à ma demande de transfert à la prison de Korydallos.

La politique économique inclut indubitablement comme un de ses accessoires une nouvelle «caractéristique» de la répression d’état. Maintenant que le capitalisme ne peut plus cacher son vrai visage, le consensus social ne peut être approché que dans la violence. Avec les décisions juridique déclarant les grèves illégales, les canons à eau, les menaces de conscription, les lacrymo, les opérations «antiterroristes». Avec les appels au calme et les cris des journalistes.C’est seulement ainsi que le territoire grec deviendra une expérience réussie qui transformera le pays en une partie de l’Europe-forte et en paradis des patrons. Avec une population sur laquelle on maintiendra l’exploitation, qui attendra que quelqu’un arrive pour la sauver et ceux qui seront de trop feront la queue aux soupes populaires ou dans les prisons. Déjà depuis le début des année 70, «l’antiterrorisme» politique était le moyen de dépasser la traditionnelle politique anticommuniste. C’était la réponse du régime établi, la répression d’un concurrent devenu omniprésent, diffus, flexible et non précis et statique comme les partis communistes officiels ou l’armée soviétique en Europe de l’est.
Le nouvel ennemi, de plus, c’était les mouvements forts et de diverses formes, ces petites parts du prolétariat qui ne se laissaient pas digérer, au sein de la guérilla urbaine. Ainsi, aujourd’hui ou de plus en plus d’actions et de pratiques politiques sont ciblées par la Direction contre les Crimes de Violence Spéciales, «l’antiterrorisme» devient nécessaire afin de contenir la rage dans les limites d’un prétendu réalisme et d’un conformiste politique.

C’est la raison des poursuites à l’aide d’échantillons ADN plus que douteux, des ré-actualisations successives de la loi «antiterroriste», des poursuites spéciales (ιδιώνυμο) à l’encontre des compagnons pour leur relations sociales, des mises sous surveillance constantes, des prises d’otages de centaines de compagnons par la justice, des dizaines d’entre eux détenus en prisons, de la propagande qui parle de « terroristes » et de «vases communicants»… Tout ça afin de donner d’autres significations à ces mots, d’isoler et de frapper l’ennemi intérieur. Briser ceux qui attisent la haine de classe et intensifient les divisions nationales, ceux qui mettent en avant la solidarité, l’action auto-organisée, et les conflits avec le régime.

Le défi de notre époque, plus urgent que jamais, est de determiner le cours de l’histoire.
Parce que le capitalisme, la misère et la pauvreté universelle qu’il impose ne sont pas à sens unique.

Christos Politis
Prison spéciale de Grevena
le 8 Janvier 2011

A propos de la caisse de solidarité et de soutien financier aux prisonniers en lutte

La caisse de solidarité et de soutien économique aux prisonniers en lutte est une initiative collective de compagnon-nes ayant débuté en Juillet 2010. Le but de la caisse est principalement, de contribuer à la subsistance des besoins des personnes qui se trouvent emprisonnées pour leur activité subversive ou leur participation aux luttes plus généralement. De plus, dans la mesure des possibilités, elle entend aussi soutenir les personnes dont la manière d’être au sein de la quotidienneté carcérale se caractérise par la dignité, la solidarité et la lutte. La caisse fonctionne à l’échelle de la Grèce, elle se base sur de petites contributions systématiques du plus grand nombre possible de personnes à l’intérieur et en dehors des différents projets anarchistes et anti-autoritaires, et son efficacité sera jugée en fonction de sa capacité à fonctionner de manière constante au fil du temps. Dans la cadre de ce projet, sont aussi inclus la publication de la brochure « Démolissez la Bastille » qui contient des textes de prisonniers en lutte, ainsi que ce blog, de façon à ce que soient rassemblés tous leur nom, leur adresse, les affaires les concernant mais aussi leurs textes se référant à celles-ci Nous essayons bien sûr de faire en sorte que tout ceci puisse exister dans d’autres langues (anglais, français, allemand, espagnol), pour permettre une information et une communication plus large mais aussi afin d’amplifier le champ de la solidarité.

Text from anarchist Yiannis Dimitrakis in regards to the prisoners’ solidarity fund

During the last period, the larger part of the society of this country is experiencing an inconceivable attack in its extent and intensity by the mechanisms of repression and exploitation of human life and toil. The new-order socioeconomic plans are commanding the complete leveling of labour, social and political conquests for which continuous and fierce struggles had taken place in the past decades. The forming of social consent for the unobstructed advent of the supranational economic elites is enforced now through the rationale of the stick- the illusion of the carrot having now come to an end- coming down on the backs of the people and of zero tolerance against anyone who resists.

Naturally the anarchist milieu could not but be a receiver of this attack, a milieu who, battling on the front line of the defensive-attack against the looting and blackmailing assaults made by the class enemies of society, is also counting its own painful losses: the confrontation between the comrade and fighter Lambros and the police forces which cost him his life; the very serious- and nearly deadly- injury of the comrade and fighter Simos from a cop’s bullet that cost him his freedom; the passing of comrades into a state of captivity in the hands of the State, as a result of their clashes against the modern economic and authoritarian system, which have increased dramatically.

This is why, at this moment, I could not but be in total agreement with the attempt, as I find it very important – amongst many other things of course-, for the creation of a stable foundation of solidarity, a support structure, which will have the sole purpose of covering the immediate basic needs of comrades who are incarcerated in the greek correctional facilities; the crematoriums. From the moment someone accepts that those who pass through the prison gates belong to the revolutionary camp, and embrace an ethical code which can be recognized within a historical continuance that is either in accordance to, or carries inside it, elements referring to the continuous war against the overlords, the dominators of this world, then he/she can correctly consider these individuals as his/her comrades who are in a difficult and vulnerable position, and are in need of every form of support and solidarity that exists.

We are all aware that, on the one hand, we have many prisoners, and on the other, that in recent years our milieu is experiencing an upward course in the attendance of people in every kind of event or action it carries out; then automatically, one would think that the economic needs of the prisoners should no longer be undertaken solely within the confines of groups of friends, individuals or small collectives and initiatives, but by the wide and broad movement which is now under way.

Let us present some simple calculations to see the theory in practice. If it is assumed that there are 30 comrades (the number is not realistic, it is purely hypothetical) at the moment in the hands of the State and each one needs a minimum amount of 500 euro per month to be able to live in a dignified manner within prison, then in order to cover their economic needs for a whole year the amount of 180.000 euro would have to be raised!

If one, two, ten or one hundred people take on the task of getting this sum together it appears as something very difficult or even impossible. If, however, this real economic need is taken on by 3.000 or 4.000 people then individual contributions verge on 45 to 60 euros!

So the question towards comrades outside the prison walls is: could a first step be made towards a common, collective, consensual and coordinated action in order to cover the imprisoned comrades’ economic needs in regards to their living expenses? Can a greece-wide action be set up with immediate tangible results?  Towards solving a very real problem can this milieu make a personal bet with its self where the minimum is required but the maximum will be contributed?

It is the age we live in which forces us to come together and act in common. It is the social clashes that are becoming more acute that demand the tightening of the cohesive bonds between us. It is the fearless gaze and the smile of our captured comrades that become also our own and must, even if just temporarily, grind the niches of our thought and character. Those comrades’ blood which has painted with honor and courage the struggle for social liberation, equality and justice, has marked indelibly the starting point from which those who struggle, in the present, and in the future, must attack again and again against the enemy’s hordes.

HONOUR TO THE FIGHTER LAMBROS FOUNDAS

SOLIDARITY TO THE WANTED COMRADES MARIOS SEISIDIS AND GRIGORIS TSIRONIS

FREEDOM TO SIMOS SEISIDIS AND ARIS SIRINIDIS

SOLIDARITY TO THOSE COMRADES LIVING IN A STATE OF ILLEGALITY AVOIDING THE SETUP WARRANTS OF THE PROSECUTING AUTHORITIES

FREEDOM FOR THOSE WHO HAVE ARMED THEIR INSURGENT CONSCIOUSNESS

FREEDOM TO THE CAPTIVES OF THE NEW CLASS WAR

FREEDOM TO ALL IN PRISON

With comradely greetings, Y. Dimitrakis

18/05/2010,

Domokos Prisons